Les trains et la France

Les trains et la France

Florian Trayon dans

Le train, c’est la France.

Nicolas Sarkozy

Recadrage

Tout d’abord, je tiens à préciser que je n’ai aucune intention d’écrire un article politique, ni de me focaliser sur la SNCF, les grèves, les réformes ou toutes les polémiques qui font régulièrement la une de l’actualité. Ce n’est pas l’objectif. Mon intention est simplement de partager mon avis sur notre système ferroviaire, que j’apprécie beaucoup, même si je trouve qu’il présente de nombreux défauts.

Je ne suis pas un spécialiste du sujet, loin de là, juste un usager régulier qui prend le train pour ses déplacements personnels et qui souhaite exprimer son ressenti.

Enfin, vous m’excuserez si la citation qui ouvre cet article provient d’un homme politique récemment éclaboussé par des affaires judiciaires : il ne s’agit que d’une coïncidence liée au timing non d’un choix symbolique.

Mon profil de voyageur

Comme je l’ai déjà expliqué un peu plus haut, j’utilise essentiellement le train pour mes déplacements privés. Pour ceux qui ne me connaissent pas, j’habite à Cannes. La bonne nouvelle, c’est que nous avons une gare SNCF toute neuve. La mauvaise, c’est que les retards restent monnaie courante sur cette foutue ligne TER (Train Express Régional).

La gare SNCF de Cannes, 2024 La gare SNCF de Cannes, 2024 (Crédit photo : Remontees)

Vous en avez peut-être entendu parler dans les médias : la ligne Marseille–Vintimille est l’une des plus défaillantes de France en matière de ponctualité. C’est pour cette raison que la région a eu la (mauvaise) idée d’en confier l’exploitation à Transdev, au détriment de la SNCF. Je reviendrai plus tard sur ce point et sur pourquoi, selon moi, c’est une décision inutile et contre-productive.

Bref, je prends le train au minimum une fois par semaine (parfois plus, parfois moins) principalement pour faire un Cannes–Nice. En 2024, j’ai eu la chance de décrocher un travail à Sophia Antipolis, une « ville-bureau » perchée entre Cannes et Nice, du côté d’Antibes et de Biot. Problème : il n’y a pas de gare ferroviaire pour desservir cette technopole sortie de nulle part, uniquement des bus. Autant dire que c’est un enfer pour s’y rendre depuis Cannes comme depuis Nice.

Depuis Cannes, le trajet type, c’est : TER jusqu’à Antibes, puis bus vers Sophia. Temps de parcours : environ 1h15 dans les meilleures conditions… et beaucoup plus si, par malheur, le train est en retard ou si le bus se retrouve coincé dans les bouchons de l’échangeur de l’Autoroute A8 au niveau d’Antibes.

Depuis Nice, ce n’est pas mieux. Là aussi, il y a des bus, opérés par Transdev depuis longtemps, dont la fiabilité est tellement douteuse que c’en est devenu un sujet récurrent dans la presse locale. Et qui dit bus + autoroute dit… bouchons, accidents, travaux. Résultat : on peut facilement perdre 1h, 1h30 de sa vie à cause de choix politiques absurdes, pris par des gens qui, évidemment, n’ont jamais eu à subir ce trajet quotidien.

Sérieusement, quelle idée d’avoir implanté une technopole sans transports efficaces ? Oui, en France on aime la bagnole, mais ce n’est pas une raison pour pénaliser les travailleurs modestes, les étudiants et les étrangers qui veulent simplement se déplacer facilement, rapidement et sans devoir investir dans une voiture… laquelle, au final, ne fait qu’aggraver la pollution et la saturation des routes.

Des bus Zou de la ligne 630 entre Nice et Sophia Antipolis Des bus Zou de la ligne 630 entre Nice et Sophia Antipolis (Crédit photo : Groupe Facebook de la ligne 630 (ex-230))

Pendant des mois, j’ai fait ce trajet tous les jours en priant des divinités dont j’ignorais même l’existence pour que le train arrive à l’heure et que le bus suive. Jusqu’au jour où j’ai craqué : en juin dernier, j’ai acheté une voiture. Elle fera l’objet d’un article à part, mais disons simplement qu’elle m’accompagne désormais pour mes 12 pauvres kilomètres domicile–travail, coincée dans les bouchons et en polluant bien comme il faut, là où j’aurais préféré me contenter des transports en commun.

Depuis que j’ai une voiture, j’ai limité mon usage du train aux longues distances et aux escapades dans les villes de la région. Parmi mes destinations régulières, je peux citer : Nice, Antibes, Marseille et, surtout, ma très chère Aix-en-Provence, presque au bout de la ligne.

La région Sud et la marque Zou

Il y a quelques années, les services TER en région portaient des noms simples et clairs. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’était « TER PACA ». Dans le Grand-Est, « TER Grand-Est ». En Occitanie, « TER Occitanie ». Rien de très créatif, certes, mais au moins tout le monde comprenait : c’était simple, efficace et lisible.

Depuis 2018, les régions ont eu la drôle d’idée de rebaptiser leurs réseaux avec des noms farfelus, censés faire moderne et identitaire, mais totalement inutiles pour les voyageurs. Résultat : chez nous, en PACA, c’est devenu « Zou ! », en Centre-Val de Loire « Rémi », dans le Grand-Est « Fluo », en Occitanie « LiO », etc. On dirait une compétition entre régions pour inventer le nom le plus improbable, comme s’il avait été pondu par un stagiaire fraîchement sorti d’école de commerce. Au final, ça perturbe les usagers réguliers et surtout les touristes, qui n’y comprennent plus rien.

Un TER « Regio 2N » avec sa livrée Zou opéré par Transdev en gare de Marseille-Saint-Charles, 2025 Un TER « Regio 2N » avec sa livrée Zou opéré par Transdev en gare de Marseille-Saint-Charles, 2025 (Crédit photo : Homère plus)

Un TER « Regio 2N » avec sa livrée TER PACA opéré par SNCF Voyageurs en gare de Grasse, 2014 Un TER « Regio 2N » avec sa livrée TER PACA opéré par SNCF Voyageurs en gare de Grasse, 2014 (Crédit photo : Homère plus)

Franchement, mettez-vous à la place d’un touriste allemand ou anglais. Avant, on pouvait lui expliquer simplement ce que c’était qu’un TER. Maintenant, imaginez la scène : « Nein, es ist nicht mehr TER, es heißt Zou! » (en français : « Non, ce n’est plus TER, c’est Zou ! ». Sérieusement, qui a pensé que ça allait être une bonne idée ?

Mais le problème ne s’arrête pas au nom. Le service TER, en tout cas dans ma région, n’a cessé de se dégrader. Depuis que je le prends régulièrement, en 2020, je peux vous dire que malgré toutes les grandes annonces de la région, rien ne change. Dernièrement, sous prétexte que la SNCF était incapable d’améliorer la ponctualité, la région a confié la ligne Marseille–Nice à Transdev. La promesse ? Des trains toutes les 15 minutes aux heures de pointe. La réalité ? Des retards, des pannes, des suppressions. Bref, une belle illusion. À quoi bon avoir une cadence de rêve si la moitié des trains sont annulés ou en retard ?

Le problème est simple : Transdev a hérité d’un matériel vieillissant, celui que la SNCF utilisait déjà depuis des années, avec tous ses défauts. Autrement dit, Transdev a repris le train en marche… mais avec les mêmes wagons désuets. C’est un peu comme acheter une voiture d’occasion avec 300 000 kilomètres au compteur et s’étonner qu’elle tombe en panne. Fallait s’y attendre, non ?

En urgence, l’opérateur a commandé de nouvelles rames ultramodernes, mais seules quelques-unes circulent pour l’instant. Le reste ? C’est toujours l’ancien matériel. Parfois, on assiste même à des scènes absurdes : des trains prêtés par les régions voisines, Auvergne-Rhône-Alpes ou Grand-Est, qui roulent en renfort. Résultat : sur une même ligne, on voit circuler des trains avec des livrées complètement différentes. Pour Josianne, 88 ans, qui prend un TER une fois de temps en temps pour aller voir sa fille à Toulon, ce n’est pas bien grave. Mais pour un touriste étranger, déjà perdu avec « Zou ! », c’est le chaos total.

Un TER « Z23500 » avec la livrée AuRA en gare de Montmélian, 2024 Un TER « Z23500 » avec la livrée AuRA en gare de Montmélian, 2024 (Crédit photo : Remontees)

Et puis il y a la petite guerre froide entre Transdev et la SNCF. On sent bien que la SNCF a eu du mal à digérer la perte de cette ligne, sûrement très rentable. À Marseille-Saint-Charles, les panneaux de la gare où figurait son logo ont été grossièrement recouverts de scotch noir. Dans le même temps, la SNCF n’affiche pas les horaires des trains Transdev, ni en gare ni sur SNCF Connect. Résultat : il arrive qu’un train Transdev débarque sur le quai sans aucune annonce au micro. Les voyageurs — locaux comme étrangers — se regardent, se demandent si c’est bien leur train… Bref, c’est un bazar monumental. Bravo, vraiment.

Le prix du billet

Bon, c’est bien gentil, mais que ce soit Transdev ou la SNCF, je trouve ça tout simplement honteux d’avoir des billets de train aussi chers. L’époque où les vols intérieurs étaient moins chers que le train est peut-être révolue, depuis que le gouvernement a décidé qu’il fallait taxer 💰💰💰 l’aérien pour soi-disant « sauver le ferroviaire » et « protéger l’environnement ». Résultat : les avions sont chers, taxés… et les trains, eux, ne sont pas taxés mais coûtent tout aussi cher. Vous voyez l’absurdité ?

Si, comme moi, vous vivez encore à l’âge de pierre avec une voiture sans Bluetooth, Apple CarPlay ou Android Auto, bref une bonne vieille voiture solide (et sûrement plus fiable que les modèles européens qui sortent aujourd’hui des usines), vous écoutez peut-être le DAB+… enfin, pardon, la radio FM, coincé dans les bouchons. Et là, vous entendez les politiques défendre le sacro-saint train, présenté comme le moyen de transport écologique par excellence. Sur le principe, je ne dis pas le contraire. Mais la planète, c’est bien joli : mon porte-monnaie, lui, n’a pas des principes, il a des limites. Si je trouve un Paris–Cannes à 10 € en Airbus A380, croyez-moi, je le prends sans hésiter, plutôt que de lâcher 120 € pour un TGV (Train à Grande Vitesse) en aller simple, même si mon bilan carbone en pâtira pendant les dix prochaines années.

Ne me parlez pas non plus des abonnements ou des tarifs réduits. Les abonnements plein tarif sont exorbitants, les réductions ridicules et souvent réservées à des catégories bien précises. Et même si certains employeurs participent au financement, ça reste hors de prix pour beaucoup de monde. Quant aux étudiants, eux, bénéficient de vraies réductions… mais les autres ? « Trop riches » pour y avoir droit. Autre spécificité de la région Sud : certains abonnements ou cartes de réduction SNCF… 🥁 roulement de tambours 🥁 ne sont pas valables. Oui, vous avez bien lu. Vous avez une carte Avantage Jeune ? Super ! Vous arrivez à Avignon, contrôle… et hop, une amende, parce que votre carte n’est pas valide en région PACA. Sérieusement, qui a eu cette idée complètement débile ?

Image de présentation de la carte avantage SNCF Image de présentation de la carte avantage SNCF

Alors oui, je sais, l’une des raisons du prix des billets, c’est que la SNCF n’est plus une entreprise publique et doit absolument générer ✨ du bénéfice ✨ pour rembourser les énormes investissements liés à l’entretien et au développement du réseau. Mais on a quand même l’impression que la priorité, ce sont les lignes TGV rentables, au détriment des TER et des petites lignes, pourtant indispensables pour désenclaver certaines communes. Résultat : payer plusieurs centaines d’euros pour un Paris ou des dizaines d’euros pour un simple trajet régional, c’est devenu la norme. Aberrant.

Prenons un exemple concret, chez moi, en PACA. Petit jeu : « À quel point sommes-nous des pigeons ? ». Pour faire un Cannes–Nice en TER, sans réduction, c’est 10 € l’aller simple, donc 20 € l’aller-retour. En voiture ? Péage d’Antibes : 3,80 € et basta. Bien sûr, il faut ajouter le carburant, etc. Mais on est loin, très loin des 10 € pour 30 kilomètres de voie ferrée. Et le plus beau ? En 2022, le même trajet coûtait 7,50 €. En trois ans, +33 % d’augmentation. L’inflation, la guerre en Ukraine, le prix du gaz… sauf que, mince, les trains fonctionnent à l’électricité (l’instant complotiste est terminé) ! Bref, on se moque un peu de nous.

Et je pourrais multiplier les exemples où le train, censé être la solution de demain, est tout simplement plus cher que de prendre sa voiture, péages compris, essence comprise, stationnement compris (quand il n’est pas gratuit selon la ville ou la saison).

La privatisation

Je vais être honnête : je n’ai rien contre la privatisation. Il y a du bon et du moins bon, mais je ne vais pas m’étaler là-dessus. Restons concentrés sur le cas de la SNCF, en faisant un parallèle avec la région Sud et Transdev. Même si Transdev remplace la SNCF et que ce changement ne va pas magiquement améliorer les infrastructures sur la ligne en un claquement de doigts, je pense que l’origine du problème remonte à la privatisation partielle de la SNCF.

En effet, si Transdev s’est installé dans notre région, c’est parce que les usagers, nos élus et, en réalité, nous tous, étions lassés des problèmes chroniques sur nos lignes régionales. Et quand il y a un problème, il faut bien désigner un coupable : la SNCF est vite devenue le bouc émissaire parfait.

Et que fait la SNCF dans tout ça ? Certes, elle investit des milliards dans les infrastructures, mais les résultats sont loin d’être à la hauteur, surtout en région PACA. La ligne est perpétuellement saturée : trains régionaux, TGV acheminant des milliers de voyageurs depuis la capitale, trains de fret transportant les marchandises… Tout ça sur une ligne unique, avec des infrastructures vieillissantes, des gares désuètes, inadaptées et du matériel roulant qui a parfois plus de 30 ans. La recette parfaite pour que ça foire.

Je me dis que ces investissements finiront peut-être par porter leurs fruits à long terme… mais quand ? Avec la nouvelle ligne ferroviaire en PACA ? Quand je prenais le train avec mes parents, j’étais déjà confronté à des problèmes similaires. Dans notre petite gare de Cannes-la-Bocca, il y avait autrefois un guichet humain ouvert tous les jours et un chef de gare : un vrai service de proximité. Aujourd’hui, rien n’a changé visuellement, le guichet est fermé depuis des années, le chef de gare a pris sa retraite à Porquerolles, et la gare reste moche et inaccessible aux personnes à mobilité réduite. Bref, on a l’impression que le temps s’est arrêté.

La gare de Cannes-la-Bocca, 2014 La gare de Cannes-la-Bocca, 2014 (Crédit photo : Florian Pépellin)

Quand Transdev est arrivé, j’ai d’abord eu de l’espoir. Les rames Corail vieillissantes ont été remplacées par des rames modernes, donnant enfin le sentiment d’entrer dans le 21ème siècle. Mais je sais aussi que la SNCF a été frappée de toutes parts : privatisation, réduction des coûts, course au profit, gestion d’une ligne catastrophique… Tout cela a laissé la place à des opérateurs tiers qui héritent des mêmes problèmes, sans pour autant avoir de cheminots pour faire grève.

Un Corail avec sa livrée TER PACA en gare d'Avignon-Centre, 2014 Un Corail avec sa livrée TER PACA en gare d’Avignon-Centre, 2014 (Crédit photo : Rémi.lapeyre)

En résumé, même si la privatisation n’explique pas à elle seule la dégradation du service, elle a été le facteur déterminant qui a permis à cette ligne de tomber entre les mains d’entreprises tierces, soumises aux mêmes difficultés. Tout cela résulte de choix politiques qui n’arrangent en rien notre quotidien, mais servent les profits de quelques-uns, au détriment d’un système ferroviaire qui, il n’y a pas si longtemps, faisait la fierté de la France à l’international.

Les contrôleurs et la sécurité

Je ne vais pas m’attarder trop longtemps sur ce sujet, car il y aurait beaucoup à dire, et comme dans tout métier, il y a des personnes formidables qu’il faut respecter. Cependant, je trouve qu’il y a un vrai problème de formation et de recrutement dans ce métier.

Je ne vais pas critiquer les fraudeurs, mais à mon avis, il y a tout simplement trop peu de contrôles. Combien de fois ai-je vu une rame remplie de personnes qui foutaient le bordel, parfois fumaient, ou étaient visiblement dans un état second ? C’est un vrai jeu du chat et de la souris. Quand il y a des contrôleurs, si ceux-ci sont un minimum professionnels (j’ai déjà vu quelques cow-boys dont le seul but semblait être de coller des amendes à de pauvres touristes perdus), ils font souvent appel à une horde de policiers ou d’agents de sécurité pour les accompagner. Mais ces contrôles restent trop rares, mal répartis et rarement effectués à des heures qui pourraient vraiment dissuader les fraudeurs ou les personnes mal intentionnées.

Au-delà de l’aspect contrôle, les contrôleurs ont aussi un rôle de représentation et de sécurité. Certaines heures et certains trajets sont plus sûrs que d’autres et j’ai une pensée particulière pour les femmes qui voyagent seules le soir. Désolé, mais ce n’est pas une voix automatique annonçant que le train est sous vidéo-protection qui va réellement rassurer quelqu’un ou empêcher le harcèlement, les agressions, voire pire.

Bref, ce sujet sort un peu du cadre principal de cet article, mais je tenais à le souligner pour celles et ceux qui pourraient se sentir en insécurité dans les transports en commun.

Les TGV et la mise en concurrence

Pour conclure cet article, principalement centré sur les TER, je voulais également évoquer les TGV et la mise en concurrence qui est en cours depuis quelques années. Cette fois, ce n’est pas aux régions, mais à l’État que revient la décision : ouvrir les lignes TGV à la concurrence. Concrètement, n’importe quelle entreprise privée pourrait venir concurrencer la SNCF sur les grandes lignes. L’objectif officiel ? Faire baisser les prix, améliorer la qualité de service et surtout se conformer aux directives européennes concernant la libéralisation du transport ferroviaire.

Honnêtement, j’ai du mal à voir comment des compagnies comme Trainitalia, Renfe ou d’autres opérateurs étrangers pourraient faire mieux que la SNCF. Déjà qu’elle peine à assurer un service correct sur les lignes régionales, j’ai du mal à imaginer qu’une entreprise étrangère puisse faire mieux au niveau national.

Une rame Frecciarossa de Trenitalia en gare de Marseille-Saint-Charles, 2025 Une rame Frecciarossa de Trenitalia en gare de Marseille-Saint-Charles, 2025 (Crédit photo : Philippe Boccara)

Bien sûr, ces acteurs étrangers pourraient proposer des tarifs plus attractifs… mais à quel prix ? Et sur la durée ? Casser les prix maintenant peut sembler séduisant à cause de l’inflation ambiante, mais si dans cinq ans ces entreprises plient bagage ou réajustent leurs tarifs à ceux de la SNCF, qu’aurons-nous réellement gagné ? Au final, la SNCF perd des parts de marché et l’on se retrouve avec des trains allemands, italiens ou espagnols circulant sur nos lignes nationales. Sympa sur le papier, mais assez discutable pour les usagers. On peut également considérer que la SNCF pourrait tirer avantage d’une augmentation des péages de SNCF Réseau, ce qui se répercuterait inévitablement sur le prix des billets.

Je ne suis pas contre la concurrence, mais celle-ci doit véritablement apporter un plus aux voyageurs. Pas juste faire joli ou satisfaire les instances européennes.

Derniers mots

Pour conclure, je veux simplement dire que j’aime 💖 le train et le système ferroviaire français, mais je pense qu’il y a encore beaucoup à améliorer pour rendre ce moyen de transport plus attractif, plus fiable et surtout plus accessible à tous. Je ne suis pas contre la privatisation ni la mise en concurrence, mais ces changements doivent être menés avec prudence et surtout dans une vision à long terme, afin que le train reste un moyen de transport privilégié en France.

Il fut un temps — que je n’ai pas connu — où le train incarnait la liberté, la découverte et l’aventure, à la pointe de l’innovation et de la modernité. Aujourd’hui, j’ai l’impression que le train est devenu un moyen de transport comme un autre, avec ses défauts et ses qualités, mais surtout avec une image un peu vieillotte, hors de prix et dépassée. J’espère que les prochaines générations auront l’occasion de redécouvrir le plaisir de voyager en train, dans des conditions optimales et avec un service à la hauteur de leurs attentes.

Motrice du TGV 001 (1981) de la SNCF exposée à Belfort Motrice du TGV 001 (1981) de la SNCF exposée à Belfort (Crédit photo : Jean Becker)